La rédaction web, c’est surtout faire dans le remplissage ?

On pourra pérorer autant qu’on veut sur la beauté du métier et l’art de pondérer parfaitement ses contenus pour que Google nous adore et que le lecteur ne nous déteste pas trop, être rédacteur Web, c’est avant tout être un expert en remblais. 

Et ce n’est pas parce que vous aimeriez qu’il en soit autrement que c’est le cas, ce constat n’est malheureusement pas du flan. Et je vous le prouve !

Les internautes ne lisent que les titres, ou presque

Vous avez forcément vu sur les réseaux sociaux des gens avoir la moutarde qui leur montent au nez et le faire savoir dans les commentaires d’un média par rapport à un titre, souvent “putassier”. Et vous qui lisez les articles, vous levez les yeux au ciel parce que leur réaction est bien la preuve qu’eux non. Mais peut-on vraiment les blâmer quand on sait que c’est une habitude de consommation de contenus ultra répandue ?

Une étude [1] de l’Université de Columbia et de l’Institut national français révélait en 2015 que 59% des twittos partageaient un contenu sans même l’avoir lu.

Dans la même idée, le 4 juin 2016 [2], le site satirique « The Science Post » publiait sur Facebook un article titrant :

« Étude: 70% des utilisateurs de Facebook lisent seulement le titre des papiers scientifiques avant de les commenter »

Résultat ? 46 000 personnes ont partagé cet article, manifestement sans le lire, puisque le contenu n’était que du « lorem ipsum ». Ce qui ne les empêchait évidemment pas de râler sur « ces imbéciles qui s’arrêtent au titre #ToutFoutLeCampMaPauvreDame » !

Dans ces conditions, comment voulez-vous que votre travail ait le moindre intérêt ? Et pourquoi diable s’ennuyer à créer du contenu aux petits oignons ?

Course à Google, entre remplissage et expertise mathématiques

Et, malheureusement, même si les algorithmes sémantiques de Google se sont tant affinés qu’il est nécessaire aujourd’hui de ne plus créer de la bouillie, les injonctions à avoir des contenus longs [3] n’aident en rien.

Car qui dit longueur, dit coût, alors pour éviter de crever des budgets revus drastiquement à la baisse depuis la crise du Covid, il n’y a pas de recette miracle. Il faut se doter d’outils performatifs tels que 1.fr ou YourTextGuru pour être certains que le texte sera efficace. Et puis on demandera à l’expert de se presser le citron pour créer un sens avec ces mots littéralement clés.

Ainsi, la plupart des articles ne sont plus créés dans l’optique d’avoir un sens global et un réel intérêt pour les lecteurs, ils sont calibrés.

Et, à l’instar des tomates toutes rouges, toutes rondes, pleines d’eau et sans aucun goût, il faut l’avouer les contenus aujourd’hui sont particulièrement insipides.

De la même manière qu’on ne demande plus aux agriculteurs de connaître la terre, mais d’avoir un Bac+5 scientifique pour gérer les produits chimiques et les machines ultra perfectionnées, on ne demande plus au rédacteur web de connaître le verbe, mais d’être un expert en outils sémantiques.

Vous l’aurez compris, il est important de laisser aussi votre rédacteur “se faire plaisir”, de l’encourager à ajouter sa touche personnelle, d’écouter ses conseils et surtout de prendre en compte son avis. On coupe la poire en deux, on ne pense pas qu’au SEO. Votre contenu doit avoir une âme, être cohérent et rester agréable à lire mes petits cordons bleus. Vous avez du pain sur la planche !

Notes et Références :

[1] L’étude de l’université de colombia sur la consommation des titres

[2] Le Washington Post relate les faits dans un article datant du 16 juin 2016

[3] Quelle est la longueur idéale d’un texte pour se positionner en SEO ? Par Enrick Pellegrin pour Semrush